Printemps 2018

Panel des élue

Lors du Réseau des femmes, les membres du comité Condition féminine ont interviewé nos élues, Nancy Bédard, Shirley Dorismond et Denyse Joseph, afin de mieux connaître leur vécu en tant que femmes, professionnelles en soins et militantes syndicales. Ce moment très inspirant nous a permis d’en apprendre davantage sur les femmes qu’elles sont, leurs luttes personnelles et collectives, leur conciliation famille-travail-vie personnelle ainsi que leurs embûches et leurs réussites.

Nous avons constaté à quel point elles sont des féministes engagées dans la défense des droits des femmes. À leur manière, elles se sont démarquées par leurs diverses actions. La grève de l’été 1999 a été très marquante pour Nancy : elle n’est pas retournée chez elle pendant 23 jours et elle a senti à ce moment-là qu’elle pouvait changer le monde. Pour Shirley, c’est son implication sur le comité de négociation nationale avec, comme aboutissement, l’obtention du chevauchement qui lui a procuré une grande fierté. Quant à Denyse, un « sit-in » de professionnelles en soins contestant les violences subies a été une manifestaion de solidarité. Donc, ce sont ces occasions mémorables qui les ont conduites vers une victoire collective. Elles ont obtenu des balises afin de travailler dans un milieu exempt de violence.

La charge mentale : un frein à l’implication?

La charge mentale se définit comme le travail invisible d’organisation des tâches du foyer. Ce n’est pas l’exécution de la tâche en elle-même, mais tout ce que l’on doit penser pour la faire, comme planifier un rendez-vous chez le médecin ou voir à l’inscription des enfants à l’école.

La charge mentale est, en grande partie, portée par les femmes. De plus, elle est accentuée lors de l’arrivée d’un premier enfant au sein de la famille. Les militantes du Réseau des femmes, lors de cette conférence participative, ont pu échanger sur les causes et les répercussions entourant cette problématique ainsi que les solutions possibles.

Un des constats est que la société alimente une construction sociale où la place des femmes est à la maison et celle des hommes, au travail. Cette réalité amène les femmes à prendre la responsabilité d’une grande partie de l’organisation du foyer ayant comme conséquence : stress quasi permanent, anxiété, décision de travailler à temps partiel ou bien de quitter complètement le marché du travail provoquant des répercussions sur leur autonomie financière présente et future.

Les militantes du Réseau des femmes ont émis l’hypothèse à une possible solution pour diminuer la charge mentale des femmes, si celle-ci résidait dans la prolongation du congé de paternité qui permettrait un engagement plus hâtif des pères et de manière plus durable, dans la vie de leur enfant.

La charge mentale, est-elle un frein à l’implication des femmes dans les lieux de pouvoir à la FIQ? Oui, mais elle n’est pas le seul frein. Nous comprenons qu’avec la surcharge de travail, les heures supplémentaires obligatoires et l’obligation professionnelle, les professionnelles en soins sont moins enclines à s’investir. Nous devons donc mettre des mesures en place afin d’améliorer leur implication.

30 ans de l’arrêt Morgentaler : état de l’avortement ici et ailleurs

En 2018, nous célébrons les 30 ans de la décriminalisation de l’avortement au Canada, grâce à l’arrêt Morgentaler qui a invalidé les dispositions du Code criminel reliées à l’avortement. Malgré cette célébration historique, le droit à l’avortement demeure fragile au Canada, notamment parce qu’il est périodiquement ramené dans les débats par le Parti conservateur du Canada.

La planification des naissances permet aux femmes de mieux concilier les différentes étapes qu’elles traverseront au cours de leur vie. Cette conciliation est nécessaire si nous voulons que les femmes puissent occuper l’espace qui leur revient dans la société. Comment prendre sa place dans les sphères (encore) masculines du pouvoir, si l’on ne peut pas avoir un contrôle sur notre propre corps? Historiquement, l’avortement a été l’un des importants combats féministes, mais aujourd’hui, nous devons nous assurer de sa pérennité pour pouvoir continuer à avancer vers une égalité homme-femme.

Ailleurs dans le monde, certains reculs ont été constatés dans la dernière année. Par exemple, au Brésil, un projet de loi est actuellement à l’étude par les différentes instances du pays afin de criminaliser complètement l’avortement en toutes circonstances. Aux États-Unis, Trump appuie ouvertement les groupes anti-choix. Plusieurs États ont également adopté des règlements amputant les droits des femmes. En effet, l’État du Missouri permet à un employeur, depuis juin 2017, de renvoyer une femme qui prend la pilule contraceptive ou qui a eu recours à une interruption volontaire de grossesse. Il existe toutefois une lueur d’espoir en Irlande, où aura lieu un référendum sur la question de l’avortement en mai 2018, ce qui pourrait mettre fin à la politique antiavortement la plus répressive d’Europe.

Vers une politique qui nous ressemble et nous rassemble

Dès sa création, la FIQ s’est affirmée comme organisation féminine et féministe avec un effectif composé de 90 % de femmes. Avec les réformes des dernières années et la montée des idéologies populistes dans le monde (exemple : États-Unis), une tendance à la baisse de l’implication des femmes au sein de la Fédération avait été remarquée. Pour remédier à cette situation, les militantes réunies en réseau, les 21 et 22 février 2018, ont discuté et échangé autour du projet de politique sur la représentation des femmes dans les lieux de pouvoir à la FIQ. Divers ateliers et conférences ainsi qu’un panel étaient au rendez-vous pour stimuler les réflexions des participantes.

« En tant que femmes et professionnelles en soins, nous devons nous mobiliser et défendre nos droits. Afin que les femmes s’impliquent davantage dans les lieux décisionnels de la FIQ. Il est tout à fait normal qu’une politique sur la représentation des femmes soit instaurée tout en ayant comme alliés, les hommes », a affirmé Nancy Bédard, présidente et coresponsable du secteur Condition féminine de la FIQ.

Les événements des dernières semaines (communément appelé « La crise des infirmières ») viennent aussi renforcir le fait que les femmes doivent prendre leur place dans les lieux de pouvoir. Tant et aussi longtemps qu’elles n’occuperont pas ces espaces, la violence organisationnelle et les inégalités persisteront. « Pour faire avancer notre cause et mener nos luttes, nous devons nous rassembler et nous doter d’une politique qui nous ressemble », a conclu Shirley Dorismond, vice-présidente et également coresponsable du secteur Condition féminine de la FIQ.