Automne 2018
La colère des femmes : une source de mobilisation
Cela fait des décennies, voire des siècles, que les femmes sont en colère. Pourtant, elles sont invitées souvent à ne pas vivre pleinement cette émotion, à ne pas l’exprimer et à camoufler le tout derrière une apparence de femme souriante et gentille. Invitées au dernier Réseau des femmes les 14 et 15 novembre 2018, les militantes de la FIQ et de la FIQP ont discuté et réfléchi à ce thème qui peut être source de mobilisation. Pendant deux jours consécutifs, divers ateliers et conférences leur ont permis d’approfondir leurs réflexions face à la colère et à la mobilisation des femmes.
« En tant que femmes professionnelles en soins, nous subissons trop souvent les affres des mauvaises décisions prises par les gouvernements et les employeurs. Ce Réseau ayant pour thème la colère et la mobilisation a été une source d’espoir et d’inspiration. Par exemple, la conférence de Pénélope McQuade, animatrice télé et radio, nous a permis de trouver des moyens d’apprivoiser cette colère qui nous hante pour nous mobiliser », a expliqué Nancy Bédard, présidente et coresponsable du secteur Condition féminine de la FIQ.
« Nous avons également pu réfléchir sur les manières de faire face à des situations ou des arguments difficiles devant lesquels nous figeons, comme femmes, malgré que nous sommes parfaitement capables d’y répondre », a renchéri Shirley Dorismond, vice-présidente et également coresponsable du secteur Condition féminine de la FIQ.
Par ailleurs, les militantes du Réseau ont participé à des ateliers ayant pour thèmes le développement d’outils de mobilisation d’un point de vue féministe, les avantages et les désavantages des médias sociaux et l’importance de l’argumentaire féministe.
Entretien avec Pénélope McQuade
Personnalité publique, Pénélope McQuade s’affiche ouvertement comme une féministe. Elle utilise souvent ses temps d’antenne pour permettre à des femmes de pouvoir s’affirmer en leur donnant la parole.
Lors de son passage au dernier Réseau des femmes, elle a stimulé la réflexion des militantes sur les enjeux féministes actuels, comme l’intersectionnalité, la place occupée par les femmes dans les médias, les stéréotypes associés à la colère des femmes et la mobilisation grâce à la colère collective.
À travers ses lunettes féministes qu’elle porte dans toutes les sphères de sa vie, madame McQuade voit la société dans sa diversité. Elle ne se gêne plus pour affirmer ses convictions féministes dans son travail et n’alimente plus les discours stéréotypés. Elle croit que toutes les femmes sont des modèles à leur façon et contribuent à notre émancipation collective.
Selon Pénélope McQuade, derrière notre colère se cache une force. Lorsque mise en commun, celle-ci devient une motivation puissante à la mobilisation, que l’on pense aux suffragettes, au mouvement #moiaussi, au blackfeminism, etc. Comme elle a si bien dit en parlant de colère et de mobilisation : « Il est révolu le temps de lancer des fleurs dans la rue! ».
La grève des stages : une mobilisation féministe
Le Réseau des femmes est une bonne occasion pour voir les enjeux vécus et les luttes menées par des femmes de différents milieux. Lors de la dernière édition, Kaëlla Stapels, étudiante en soins infirmiers au Cégep de Maisonneuve et militante du CUTE (Comité Unitaire sur le Travail Étudiant), nous a présenté la perspective féministe du mouvement de mobilisation pour la rémunération des stages à tous les niveaux d’études menée par plusieurs étudiantes au Québec.
Pourquoi la rémunération des stages peut être considérée comme une demande féministe? Parce que 74 % des stages non rémunérés sont effectués par des femmes et que les hommes sont 2 fois et demie plus probables d’être rémunérés pour leur stage. On retrouve les stages non rémunérés principalement dans les domaines traditionnellement associés aux femmes, soit ceux du care (soins infirmiers, enseignement, travail social, etc.). De plus, le grand nombre d’heures associé à ces stages rend impossible le travail rémunéré en dehors des études, causant ainsi une situation financière précaire chez les étudiantes.
Les militantes du CUTE demandent une rémunération des stages, plutôt qu’une compensation financière, puisqu’au-delà des préoccupations financières, elles réclament également un statut de travailleuse. Ainsi, elles pourront acquérir les droits prévus par les différentes lois comme la Loi sur les normes du travail, la Loi sur la santé et sécurité au travail, etc. Cela leur permettra alors d’exercer, si tel est le cas, leurs recours, notamment dans le cas d’accident sur les lieux de stages, de harcèlement psychologique, etc.
La participation de Kaëlla a permis de comprendre pourquoi la mobilisation féministe est toujours nécessaire et bien vivante même au sein de la future cohorte de professionnelles en soins.