Automne 2019

L’égalité, c’est aussi une question d’argent

Nous connaissons toutes la dicton « L’argent ne fait pas le bonheur ». Sauf que… sauf qu’une femme avertie en vaut deux et qu’en matière de finances, il en reste toujours à apprendre.

C’est donc le thème « L’égalité, c’est aussi une question d’argent » qu’ont exploré les 160 militantes de la FIQ et de la FIQP réunies en Réseau des femmes les 22 et 23 octobre derniers.

« Comme professionnelles en soins, les discours encore présents de la vocation ou du don de soi nous nuisent à plusieurs niveaux, dont la reconnaissance de notre travail à sa juste valeur », rappelle la vice-présidente et coresponsable du secteur condition féminine, Shirley Dorismond. « Certaines d’entre nous travaillent également à temps partiel et la plupart se voient imposer du temps supplémentaire obligatoire. Quelles sont les conséquences réelles de tout cela sur nos finances? Sur notre planification de retraite? »

Des conférences portant sur les inégalités de rémunération et la ségrégation dans le secteur public, la planification de la retraite et ainsi que la vie de couple et les finances ont permis aux militantes d’aborder ces questions de front, sans tabou. Plus que jamais, le rapport des femmes avec l’argent est un enjeu à la fois personnel, sociétal et syndical.

« Il faut qu’individuellement et collectivement, l’aspect financier soit aussi au centre de nos préoccupations, car personne d’autre ne s’en occupera à notre place », a d’ailleurs lancé la présidente de la FIQ et coresponsable du secteur condition féminine, Nancy Bédard. « En cette période de négociation, nous le savons toutes : cet enjeu devient primordial. Le salaire et la retraite forment d’ailleurs deux points chauds des demandes intersectorielles de l’alliance APTS-FIQ. »

Au cours du Réseau, les militantes ont aussi participé à différents ateliers ludiques et pédagogiques qui leur ont permis d’approfondir leurs connaissances en matière de finances personnelles, connaissances qu’elles se sont engagées à partager avec leurs collègues.

Salaires des employées de l’État : « Vous vous faites avoir », dit l’IRIS aux professionnelles en soins

Avec l’aide d’Eve-Lyne Couturier et de François Desrochers de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), les participantes au Réseau des femmes ont discuté de l’impact de la discrimination systémique sur le salaire des professionnelles en soins. Dans l’état actuel des choses, les professionnelles en soins ainsi que plusieurs travailleuses des milieux de la santé, de l’éducation et de la fonction publique, sont défavorisées par le fait qu’elles travaillent dans des milieux ségrégués à forte majorité féminine.

Ces travailleuses ont en moyenne une rémunération globale de 24 % inférieure à celles d’autres groupes d’employés de l’État ségrégués à forte majorité masculine. De plus, ces travailleuses sont les seules employées de l’État qui ont vu leur pouvoir d’achat diminuer depuis les années 2000. Les chercheurs en viennent donc à la conclusion que le gouvernement du Québec, comme employeur, continue de sous-évaluer la valeur du travail des femmes. C’est d’ailleurs une des raisons qui poussent l’alliance APTS-FIQ à demander un rattrapage salarial pour la prochaine convention collective.

Non seulement les femmes font face à des retards dans leur rémunération, mais elles rencontrent aussi des difficultés lorsque vient le temps d’assurer un partage équitable des revenus et des dépenses avec leurs conjoints. Hélène Belleau, chercheure à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), a guidé les participantes au Réseau dans le dédale de la grammaire amoureuse et fiscale.

Pour un partage équitable entre conjoints, est-ce qu’il vaut mieux collectiviser ses revenus ou partager les dépenses? Sur cette question, la réponse dépend de multiples facteurs : les revenus sont-ils similaires? Y a-t-il présence d’enfants? Quel est le statut marital? etc.

La conférencière a également abordé la protection juridique que comportent le mariage et la Loi sur le patrimoine familial. En effet, les femmes ayant généralement des revenus moindres et payant généralement davantage les dépenses immatérielles (ex. : épicerie) que les biens matériels (ex. : maison), ont tout avantage à se protéger par le mariage. Vous n’êtes pas mariée? Un contrat de vie commune serait une option pour éviter les mauvaises surprises lors d’une séparation ou d’un décès. Peu importe notre situation maritale, la rédaction d’un testament est également de mise.

De plus, des discussions à propos de l’argent avec votre partenaire de vie garantissent le succès économique de votre couple. Une femme renseignée vaut son pesant d’or.

Pour en savoir plus :

https://iris-recherche.qc.ca/publications/equite-salariale

https://www.educaloi.qc.ca/categories/familles-et-couples

https://www.amour-et-argent.ca/

La retraite, ça se planifie… de bonne heure !

Saviez-vous qu’en travaillant à temps partiel (moitié d’un temps complet) pendant 35 ans, à un salaire moyen de 65 900$, votre rente de retraite de base annuelle pourrait être de 23 065$? C’est ce qu’ont appris avec surprise les participantes au Réseau des femmes des 22 et 23 octobre 2019.

Pour démystifier la retraite et le fonctionnement du RREGOP, trois panélistes de divers horizons étaient invitées : Marlène Tremblay de Retraite Québec, Guylaine Bernard, conseillère syndicale au secteur Sécurité sociale de la FIQ et Maude Pugliese, professeure adjointe à l’Institut national de la recherche scientifique. Leurs présentations ont alimenté les échanges avec la salle et suscité de nombreuses interventions.

En matière de planification de retraite, il faut toujours prévoir des cotisations supplémentaires, car des événements de vie (ex. : congé maternité, congé parental, rupture, etc.) peuvent changer la donne. Selon les statistiques, 26 % des couples se séparent une fois arrivés à la retraite. Ils se retrouvent donc devant un dur constat : on a planifié en couple, mais on se retrouve seule. D’où l’importance des épargnes supplémentaires individuelles.

Une autre information a suscité l’étonnement de plus d’une participante. En effet, dès que l’on travaille en temps supplémentaire, obligatoire ou non, on ne cotise pas au RREGOP. Ce n’est que le nombre d’heures prévues pour un poste (ex. : 35 heures pour un temps complet) qui est considéré pour les fins de cotisation au RREGOP.

Les participantes ont été également sensibilisées au contexte sociohistorique de l‘investissement chez les femmes. En effet, ce n’est que depuis le début des années 70 que les femmes peuvent accéder aux crédits et aux comptes bancaires. C’est donc un droit acquis relativement récent qu’il faut encore s’approprier. Pourtant, les études démontrent que les femmes s’en sortent bien en matière d’investissements, car elles prennent moins de risques. De plus, les femmes ont toujours considéré l’argent comme appartenant à leur famille, même élargie (sœur, tante, cousine, etc.); cela fait partie de leur mentalité économique qui se répercute dans leurs choix quotidiens.

Il est donc de la responsabilité de chacune de prendre en main sa retraite.