Automne 2018
Démocratie à la dérive : les milléniaux CONTRE-ATTAQUENT!
Cette 16e édition du Réseau des jeunes a été largement inspirée par les plus récentes élections tenues au Québec. Pendant toute la campagne électorale, on a pu sentir à quel point les jeunes ont de l’influence sur le politique. Leurs idées, leurs préoccupations, leurs ambitions et leur vision de la société ont littéralement soulevé certains partis et ont forcé la remise en question des autres. La réalité est indéniable : les jeunes sont dorénavant une force politique majeure avec laquelle les politiciens doivent négocier. C’est donc sous le thème « Démocratie à la dérive : les milléniaux CONTRE-ATTAQUENT! » que plus de 100 jeunes participantes ont eu la chance d’échanger, d’apprendre, de réseauter et de s’informer par le biais d’activités en tables rondes, de conférences, de panels et d’autres activités originales.
Les milléniaux sont les jeunes né-e-s entre 1982 et 2004. Sans tomber dans les généralités, il apparaît clair que cette génération a des valeurs différentes des générations précédentes et qu’elle remet en question des choix de société qui ont été effectués par le passé. Cela a pour effet de faire bouger les choses, et c’est bien tant mieux!
Le Réseau des jeunes des 22 et 23 novembre dernier a été l’occasion d’aborder des sujets aussi nombreux que variés : la manière dont les jeunes peuvent faire entendre leur voix, l’ampleur du mouvement amorcé par les milléniaux partout dans le monde, les impacts des paradis fiscaux et des inégalités socioéconomiques sur la démocratie, la réforme du mode de scrutin, le vote des jeunes lors des plus récentes élections au Québec, et bien d’autres.
« Quel réseau inspirant qui s’achève. À n’en point douter, les jeunes sont les forces vives de demain. Votre participation politique, qu’elle soit électorale, syndicale ou partisane, est riche pour notre société. La politique est semblable à un jeu de souque à la corde. Pour gagner, pour tirer la société dans le sens où nous le souhaitons, il faut être plusieurs à tirer, à se battre pour nos idéaux. Quand vous vous impliquez politiquement, vous joignez ces rangs, vous contribuez à donner de la force à notre mouvement », a conclu de belle façon Cynthia Pothier, membre du Comité exécutif national.
La démocratie : un privilège fragile qu’il faut cultiver
La démocratie, c’est le gouvernement du peuple, pour le peuple et par le peuple. C’est le principe à la base des systèmes politiques québécois et canadien qui permet aux électeur-trice-s de mettre le pouvoir de gouverner entre les mains de quelques femmes et hommes qui doivent représenter la population et prendre les meilleures décisions au nom du bien commun.
Toutefois, la réalité revêt souvent des aspects moins reluisants. Ainsi, en raison de nombreuses promesses brisées dans l’exercice du pouvoir et de l’inertie des gouvernements successifs devant la montée des inégalités et des injustices, un certain cynisme s’est installé et met inévitablement la démocratie en péril. L’atelier « La démocratie, c’est quoi au juste? », proposé par Caroline Simard, conseillère syndicale à la FIQ, a permis de mettre la table et de clarifier le concept de « démocratie » qui allait teinter les deux journées de cette édition du Réseau des jeunes.
La montée du populisme : le contrepoids des jeunes
La montée de figures politiques populistes, majoritairement de droite, aux États-Unis, au Brésil, en Italie et même au Canada, avec le gouvernement ontarien de Doug Ford, divise de plus en plus. Ces dirigeant-e-s manipulent le ressentiment de certaines franges de la population pour se hisser au pouvoir par la voie démocratique. Cette colère qui anime les citoyen-ne-s est parfois due à des considérations sociales, raciales ou historiques, mais elle a presque toujours des ramifications économiques. Or, si les économies modernes sont si inégalitaires, c’est surtout en raison du modèle économique capitaliste qui carbure à l’exploitation des travailleur-euse-s et de l’environnement au profit d’une poignée de privilégié-e-s. Le tour d’horizon proposé par Jean-François Daoust, de l’Université de Montréal, a toutefois permis de voir comment la jeune génération fait contrepoids à cette tendance et de réaliser à quel point les initiatives qu’elle lance permettent de convaincre les décideurs et de changer les choses.
Les paradis fiscaux : un fléau pour l’économie et la démocratie
Les militantes réunies au Réseau des jeunes ont eu la chance d’en apprendre davantage sur les paradis fiscaux grâce à la conférence de Claude Vaillancourt, président d’ATTAC-Québec. Monsieur Vaillancourt a entre autres fait valoir que, par différents stratagèmes, un nombre important de grandes compagnies détournent leurs profits vers des pays qui imposent peu ou pas d’impôts. Là où le bât blesse principalement, c’est que ces compagnies qui génèrent des revenus faramineux devraient payer leur juste part d’impôts dans les pays où elles les réalisent. En 2010, au Canada seulement, on estime avoir perdu entre 9 et 48 milliards de dollars en raison de ces fraudes, des sommes qui auraient pourtant dû servir à financer les services publics, notamment la santé et l’éducation, et à améliorer les conditions de vie des personnes vulnérables par le biais de programmes sociaux.
Comme l’a démontré monsieur Vaillancourt, des moyens existent pour agir contre le fléau des paradis fiscaux et quelques gouvernements ont amorcé une certaine offensive, mais les avancées demeurent lentes. Pourtant, une meilleure répartition de la richesse est une condition essentielle pour éviter que l’équilibre démocratique bascule en faveur des mieux nanti-e-s et que les autres restent sur le carreau. La présentation de monsieur Vaillancourt a très visiblement suscité les passions chez les jeunes participantes.
La politique : une locomotive pour changer la société
Les milléniaux ont une vision de la société qui diffère de celle de leurs parents. Alors que les partis politiques traditionnels, qui formaient de nombreux gouvernements dans bien des pays occidentaux jusqu’à tout récemment, s’appuient majoritairement sur des membres « vieillissant-e-s », comment est-ce possible pour les jeunes de faire valoir leur point de vue et leurs idées? Plusieurs conférencier-ère-s et panélistes, réuni-e-s au Réseau des jeunes, ont invité les participantes à s’impliquer en politique, soit en s’informant davantage, en prenant part aux débats, en devenant militantes ou, pourquoi pas, en se présentant comme candidates aux prochaines élections. Voilà la meilleure locomotive pour changer la société, pour qu’elle soit davantage à l’image des plus jeunes générations.
Une jeunesse inspirante : des exemples éloquents
En opposition à la montée de la droite que l’on peut observer un peu partout, des jeunes milléniaux militent d’arrache-pied pour une société plus juste, plus écologique et plus égalitaire. Des partis et des mouvements de gauche, notamment au Québec, en Angleterre, en France et aux États-Unis, sont portés par les jeunes générations.
À titre d’exemple, en novembre dernier, Alexandria Ocasio-Cortez, une jeune militante de 28 ans d’origine latino-américaine de New York a, contre toute attente, été élue à la Chambre des représentants des États-Unis. Madame Ocasio-Cortez est ainsi devenue la plus jeune représentante jamais élue au Congrès américain.
Au Québec, lors des dernières élections, Québec solidaire a connu une montée fulgurante au suffrage universel et a vu son nombre de député-e-s tripler. Majoritairement portée par des jeunes de 35 ans et moins, cette mouvance aura inévitablement une influence concrète sur le jeu politique qui prendra place à l’Assemblée nationale dans les prochaines années.
La politique québécoise : de jeunes député-e-s et candidat-e-s veulent faire les choses autrement
Le Réseau des jeunes a été l’occasion d’accueillir quatre candidat-e-s aux dernières élections, dont trois siègent dorénavant comme député-e-s à l’Assemblée nationale. Marwah Rizqy, députée de Saint-Laurent, Catherine Fournier, députée de Marie-Victorin, Samuel Poulin, député de Beauce-Sud ainsi que Vanessa Roy, candidate dans Verdun, ont unanimement exprimé leur souhait de voir les jeunes s’impliquer davantage en politique québécoise. En finir avec la langue de bois, favoriser la collaboration entre les partis politiques plutôt que la rivalité partisane, faire de la politique d’abord et avant tout pour défendre des idéaux et des valeurs et non pas pour l’attrait du pouvoir : les panélistes ont multiplié les exemples démontrant leur volonté de faire de la politique autrement, à l’image des jeunes qu’ils-elles sont.
Leur authenticité et leur profonde confiance en la politique comme outil de changement social ont fortement inspiré les militantes du Réseau des jeunes. Gageons que certaines d’entre elles auront eu la piqûre et s’impliqueront encore davantage dans l’avenir!
Le vote : la meilleure façon de faire entendre sa voix
Pendant le Réseau des jeunes, les participantes ont eu l’occasion de faire la lumière sur les résultats des dernières élections provinciales avec l’étoile montante de l’analyse et du pronostic politiques, Philippe J. Fournier, auteur du blogue qc125.com et collaborateur régulier dans différents médias. Après avoir décrit avec brio le modèle de prévision électorale qu’il a concocté et qui a fait sa renommée, monsieur Fournier s’est attardé plus spécifiquement sur les comportements électoraux des Québécois-es lors du plus récent scrutin. Ainsi, les jeunes participantes du Réseau ont notamment pu constater comment la baisse de la participation électorale a influencé le résultat final, particulièrement celui des libéraux. Par ailleurs, le 1er octobre dernier, il semble que les jeunes se soient distingué-e-s de leurs aîné-e-s en votant en plus grande proportion, ce qui explique en partie la percée de Québec solidaire.
Toujours dans la mécanique électorale, les participantes du Réseau ont également eu la chance d’entendre Jean-Sébastien Dufresne, du Mouvement Démocratie nouvelle, qui milite pour la réforme du mode de scrutin et dont la FIQ est une membre active. À travers sa présentation, les jeunes ont pu prendre conscience des importants déséquilibres de représentation causés par le mode de scrutin actuel et de ses conséquences. Même si, a priori, ce sujet peut sembler aride, monsieur Dufresne a su capter l’attention de l’auditoire en démontrant, de façon claire et imagée, comment un scrutin proportionnel mixte compensatoire pourrait facilement corriger certaines imperfections et revitaliser les démocraties québécoise et canadienne.
Enfin, en clôture du Réseau, les jeunes ont été sensibilisées à l’importance de la solidarité internationale pour soutenir, notamment, la participation politique des jeunes dans des contextes bien différents de ce qu’on connaît ici. Ainsi, les participantes ont pu en apprendre davantage sur la situation des jeunes au Nicaragua et sur le rôle important joué par le groupe d’entraide internationale Spirale et par la FIQ dans le soutien du Centre Romero qui œuvre auprès des jeunes, depuis plus de 30 ans, dans la ville de Nandaïme. D’ailleurs, si la cause vous intéresse, vous pouvez soutenir le Centre Romero par le biais de la Campagne du 30 sous chapeautée par Spirale.