Dépôt du budget provincial 2025-2026 : Trop peu pour les professionnelles en soins et le RSSS, estime la FIQ
Québec, le 25 mars 2025 — La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec–FIQ réagit au dépôt du budget provincial 2025-2026 en soulignant les manques importants dans les annonces faites par le ministre des Finances Éric Girard, particulièrement en matière de financement du réseau de santé et des services sociaux (RSSS) et de soutien aux professionnelles en soins. Bien que certains engagements aient été pris, il est évident que ce budget ne peut pas répondre aux besoins urgents des patient-e-s ni à ceux des professionnelles en soins qui leur prodiguent des soins. Une croissance des dépenses de 3 % ne fera qu’aggraver la situation déjà alarmante.
« Nous demandions des investissements substantiels pour renforcer le réseau public et limiter le recours au privé, notamment par l’instauration de ratios sécuritaires professionnelles en soins/patient-e-s. Nous appelions également à une répartition équitable des dépenses en santé, avec une part significative allouée à la prévention en santé publique, en santé mentale et aux soins de première ligne (incluant le soutien à domicile), des secteurs trop souvent négligés. D’ailleurs, le gouvernement diminue l’enveloppe budgétaire dédiée au soutien des proches aidantes alors que celles pour la santé mentale et les soins à domicile stagnent. Le budget ne répond donc pas à ces besoins urgents et ne prévoit pas de fonds suffisants pour corriger la situation », se désole la présidente de la FIQ, Mme Julie Bouchard.
La FIQ souligne que le financement du RSSS devait être une priorité, exigeant une augmentation d’au moins 6 % pour répondre aux besoins croissants. Or, le budget ne prévoit qu’une hausse de 3 %, et, combiné aux récentes coupes de 1,5 milliard de dollars, il confirme les intentions du gouvernement de poursuivre dans la voie de l’austérité. La FIQ insiste sur le fait que l’investissement en santé doit aller au-delà de la gestion des coûts à court terme pour assurer des soins de qualité, offert dans des milieux sécuritaires
Bien que le gouvernement ait annoncé vouloir accélérer la construction d’infrastructures, notamment des hôpitaux, il n’a pris aucune mesure pour attirer et retenir les professionnelles en soins dans le réseau public. « Sans véritable investissement dans la reconnaissance du personnel et l’amélioration de leurs conditions de travail, les promesses d’infrastructures risquent de ne rien donner. Investir dans le béton sans investir dans l’attraction et la rétention des professionnelles en soins, c’est un coup d’épée dans l’eau. La FIQ insiste sur l’urgence d’agir pour stabiliser la main-d’œuvre dans le RSSS », ajoute Julie Bouchard.
Malgré leur importance cruciale pour le RSSS, plusieurs recommandations de la FIQ demeurent ignorées, dont la nécessité d’agir sur les déterminants sociaux de la santé et d’instaurer une fiscalité plus progressive, visant les plus riches et les grandes entreprises, ainsi que la lutte contre les paradis fiscaux. La FIQ demande aussi la création d’une enveloppe budgétaire pour réduire la dépendance à la main-d’œuvre indépendante, notamment dans les régions éloignées. De plus, l’instauration d’un régime public et universel d’assurance médicaments reste une priorité pour alléger les coûts et améliorer l’accès. Cependant, aucune de ces mesures n’a été intégrée dans le dernier budget, laissant ces enjeux sans réponse.
« La FIQ continuera de faire pression sur le gouvernement pour qu’il investisse à la hauteur des enjeux actuels afin de garantir un avenir équitable et efficace pour le RSSS. Alors que plus de la moitié de la population renonce à consulter un médecin en raison de l’accès difficile aux soins et que le ministère de la Santé compte aujourd’hui plus de hauts dirigeants qu’avant la réforme, ce budget démontre encore une fois que le patient n’est pas au cœur des priorités. Le gouvernement semble davantage préoccupé par la gestion administrative que par l’amélioration de l’accès aux soins et le soutien aux professionnels de la santé, qui sont essentiels au bon fonctionnement du système », conclut la
présidente.
À propos de la FIQ
La FIQ compte plus de 80 000 membres, infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques œuvrant dans les établissements de santé aux quatre coins du Québec. Elle est une organisation féministe, composée à près de 90 % de femmes, vouée à la défense de ses membres, mais également à celle des patientes et du réseau public de santé.