Lettre ouverte

Ignorées et bâillonnées par la CAQ, les professionnelles en soins seront entendues

5 août 2024

En avril dernier, les professionnelles en soins membres de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec–FIQ ont envoyé un message fort pour indiquer au gouvernement que la négociation actuelle dans le réseau de la santé n’était pas terminée. Elles ont parlé d’une voix forte et décidée, convaincues que notre réseau de la santé méritait mieux et que la population a besoin de meilleures conditions de soins.

Les professionnelles en soins sont ignorées par le gouvernement et par la nouvelle dirigeante de Santé Québec, Mme Geneviève Biron, qui a refusé de s’entretenir avec nos représentantes de Québec lors de sa tournée qui vise à prendre connaissance de l’état du réseau. Nous en arrivons à un constat clair : les dirigeants refusent toujours d’écouter les femmes qui composent la vaste majorité du réseau de la santé.

Quand le gouvernement ignore les femmes

Notre négociation est dans une impasse, pas parce qu’il est difficile de négocier avec la FIQ, mais parce que nous sommes devant un gouvernement inflexible qui s’entête à exiger toujours davantage de nos professionnelles en soins : temps supplémentaire, obligatoire ou non; plans de contingence; surcharge; vacances écourtées ou déplacées et, maintenant, de la mobilité. Le gouvernement demande aux professionnelles en soins d’accepter toujours plus, au détriment de la sécurité des soins à la population, mais aussi au détriment de leur propre santé. La demande de mobilité dans sa forme actuelle est la goutte de trop!

Sonia LeBel, ministre et présidente du Conseil du trésor, mentionnait que les professionnelles en soins n’avaient « pas compris » ce qui leur était proposé. Une insulte et une infantilisation directe de nos membres qui avaient au contraire très bien compris et qui tentaient, par leur refus, de tirer la sonnette d’alarme sur les dangers de la mobilité et des fusions de départements à outrance. Une sonnette que la FIQ prend très au sérieux, mais que le gouvernement refuse toujours d’entendre.

Quand le gouvernement bâillonne les femmes

Lors de nos huit journées de grève à l’automne 2023, le gouvernement caquiste a transmis des directives aux employeurs du réseau pour que de nombreux droits des professionnelles en soins soient suspendus. L’imposition de ces représailles a été un coup dur puisque nos membres se souviennent très bien des sanctions et amendes excessives subies lors des grèves de 1989 et 1999. L’intention du gouvernement de freiner les ardeurs des professionnelles en soins alors qu’elles exerçaient un droit fondamental qui est déjà encadré à outrance par la loi assurant le maintien des services essentiels était claire.

Récemment, le Tribunal administratif du travail (TAT) a donné raison à la FIQ en statuant que la suspension du cumul d’ancienneté imposée par le CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue lors des grèves de l’automne constituait des représailles illégales. Nous travaillons activement à ce que ce jugement soit maintenu et élargi à l’ensemble de la province pour que nos membres retrouvent l’ancienneté qu’elles ont perdue, à la suite des directives gouvernementales, alors qu’elles exerçaient un droit fondamental. Le gouvernement met tout en place pour masquer ces pratiques délinquantes et antisyndicales en contestant le jugement du TAT. Le mal a été fait. Ces mesures contribuent à bâillonner nos membres, à intimider les femmes qui se mobilisent pour assurer de bonnes conditions de soins pour le Québec.

Quand les femmes reprennent la lutte

En avril, le cri du cœur de nos membres aurait dû avoir un impact sur notre négociation; le gouvernement aurait dû finalement entendre ce que nous lui expliquions depuis des mois. Les débâcles des dernières réformes auraient dû convaincre Mme Biron de l’importance d’écouter les professionnelles en soins qui sont les plus à même de présenter les enjeux du réseau.

Vœu pieux? Peut-être, mais quand plus de 80 000 concitoyennes et employées ont des choses à dire, il est raisonnable de les écouter. Peut-être Mme Biron apprendra-t-elle des erreurs du passé en acceptant nos demandes de rencontre, mais aujourd’hui, force est de constater, que le gouvernement n’est pas raisonnable et qu’il n’a rien à faire d’écouter les solutions que les professionnelles en soins ont à proposer pour le réseau. Qu’il n’a aucunement l’intention de faire des pas vers nous et que nous devrons, encore une fois, nous battre pour assurer la qualité et la sécurité des soins de santé au Québec. Aujourd’hui, nous préparons une rentrée forte en moyens de pression. Les professionnelles en soins se feront entendre, le gouvernement et les nouveaux dirigeants de Santé Québec doivent comprendre qu’ils ne peuvent plus nous ignorer.