Inhalothérapeutes : Le gouvernement doit avoir le courage d’agir pour cette profession en péril
![Julie_Bouchard_6-300x300[1]](https://www.fiqsante.qc.ca/wp-content/uploads/2024/02/julie-bouchard-6-300x3001-1.jpg)
Julie Bouchard
Présidente
29 mars 2025
L’histoire d’une jeune inhalothérapeute de 27 ans, qui est épuisée après seulement six ans de carrière, montre bien la réalité inquiétante que vit une profession trop souvent négligée. À cause d’un horaire insoutenable, elle a dû arrêter de travailler. Même pas le temps de s’occuper de ses besoins de base! Bien que cette histoire ait pu choquer beaucoup de gens, à la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec–FIQ, on connaît bien cette situation. Ce n’est malheureusement pas un cas isolé.
La situation devient encore plus préoccupante lorsqu’on apprend qu’à l’hôpital où travaille cette inhalothérapeute, 43 % des postes sont vacants. Et que dire des autres établissements du réseau de la santé et des services sociaux (RSSS)? Charlevoix, l’Outaouais, Montréal… autant de régions où les pénuries sont également flagrantes. Ces exemples ne sont que la pointe de l’iceberg. Les bris de service, la mise en place de plans de contingence et des équipes constamment en sous-effectif fragilisent la qualité des soins offerts aux patient-e-s. Cette situation représente un défi de taille et, dans certains cas, elle conduit à l’annulation d’interventions chirurgicales, ce qui nuit gravement aux efforts du gouvernement pour réduire les listes d’attente.
Avec environ 3 439 inhalothérapeutes membres de la FIQ et plusieurs autres exerçant dans le privé, notamment en clinique de traitement de l’apnée du sommeil, il est clair que cette profession traverse une grave crise de rétention. Mais qu’en est-il des conditions de travail? Depuis trop longtemps, nous dénonçons des horaires épuisants, un manque de soutien en début de carrière, une reconnaissance insuffisante du rôle des inhalothérapeutes et une formation collégiale devenue obsolète, qui ne correspond plus aux réalités actuelles de la profession. Résultat : le taux d’abandon dans les programmes de formation est élevé, car les aspirantes inhalothérapeutes se retrouvent souvent démunies face à la difficulté du programme et aux attentes irréalistes du milieu.
Les inhalothérapeutes jouent un rôle essentiel, mais encore trop souvent méconnu, dans les soins critiques, notamment en soins intensifs, aux urgences et dans la gestion des maladies respiratoires, des conditions de plus en plus fréquentes à cause des changements climatiques. La pandémie de COVID-19 a mis en lumière l’expertise indispensable des inhalothérapeutes dans les unités de réanimation, où elles assurent la surveillance des troubles respiratoires, l’administration des traitements et l’utilisation d’équipements vitaux pour les patient-e-s sous ventilation mécanique. Leur expertise est cruciale, mais elle est mise en péril par des conditions de travail qui ne sont plus soutenables.
En septembre 2024, la FIQ a déposé un mémoire dans le cadre des consultations particulières sur le projet de loi 67, qui visait la modernisation du système professionnel et l’élargissement de certaines pratiques en santé. Ce projet de loi comportait des propositions préoccupantes, dont la réduction des exigences professionnelles pour certaines tâches. Parmi celles-ci, une autorisation potentielle permettant d’accomplir des actes réservés aux inhalothérapeutes, tels que l’évaluation d’un-e patient-e et l’ajustement de médication, sans la formation nécessaire pour assurer la sécurité du public. Une telle mesure aurait non seulement compromis la qualité des soins, mais aussi mis en danger la santé de la population. Bref, un non-sens!
C’est pourquoi il est grand temps d’agir. Il faut investir dans la formation des inhalothérapeutes en l’adaptant aux réalités actuelles et garantir des conditions de travail dignes de l’expertise de ces professionnelles. Il faut, notamment, revoir le programme de formation et reconnaître pleinement leur champ de pratique. L’équité salariale doit aussi être une priorité, tout comme le soutien clinique renforcé pour attirer et retenir ces professionnelles indispensables.
Je vous invite à vous joindre à nous dans cet effort. Nous avons besoin de votre soutien pour que le gouvernement prenne les mesures nécessaires pour protéger cette profession en péril. Il ne s’agit pas seulement de défendre une profession, mais de garantir la sécurité et le bien-être de nos proches et de notre communauté. Nos inhalothérapeutes, qui sont en première ligne, méritent notre soutien.
Exigeons des actions concrètes du gouvernement pour assurer un avenir où les inhalothérapeutes exerceront leur métier dans des conditions respectueuses de leur expertise et de leur bien-être. Ensemble, nous pouvons faire la différence.